Blottie dans les bras de ma souffrance
je me rappelle ce champ douillet
où sous la flamme ardente de l'expérience
nos deux corps se modelaient et s'aimaient

Solitude, ma compagne tristesse
je rêve sous le souffle de ma peine
de ces monts parfumés de tendresse
où tu me disais que je serais tienne

Vole mon coeur
pour revoir le jour
vole mon coeur
de ce champ de la mort

Vole mon coeur
et t'ouvrir à l'amour
Vole mon coeur
sous une flamme encore

Fleur du chagrin, pleure ma passion
sous la couette fleurie qui gémit
de tes mains câlines comme un frisson
je ressens la première feuille qui jaunit

S'effeuille le violon qui me tourmente
espoir d'un clin d'oeil de bonheur
d'une caresse mes larmes te chantent
j'aimerais t'aimer au galop pour chevaucher ton coeur.

[Annie Subra]

Vous êtes l'onde tumultueuse
des mers les plus agitées mais
la grâce qui émane de votre
personne vous rend plus belle
qu'une Joconde marine qui viendrait
éroder le coeur de celui
qui ne vit que pour vous et qui
ne sait retenir le flot de
tendresse que vous représentez.

Puissent ces quelques mots vous aider
à comprendre ce rocher
qui ne vit que dans l'attente de la marée.

[Annie Subra]

D'un crépuscule romantique
elle rêve du pinceau, de la fumée, de l'essence
qui tour à tour, d'un flamboiement mystique
dessinaient les braises de l'expérience

Où reposant dans la toile attiédie
deux corps, d'aise s'étirent et se retrouvent
délivrés de l'ombre, d'amour, ils chantent
sous la couette fleurie

D'une matinée de l'exil
elle rêve de Paris, des larmes, de l'éponge
qui tour à tour, d'un souffle fragile
nettoyaient le livre du mensonge

Où apparemment lointains, mais pourtant réunis
deux corps se parlent et s'écoutent
préoccupés de vivre leur vie
dans les fils électriques ils s'effacent

D'une soirée câline
elle rêve du silence, de l'amour, de l'amitié
qui tour à tour, sans futur ni passé
réanimeront les braises en cascades cristallines

Où clairvoyante et lucide pour le possible
un corps accepte et oublie
l'esprit en chemin dans un livre choisi
de goûter la présence amoureuse ou amicale
d'un être qui lui fit découvrir la maturité.

[Annie Subra].

Le jour de l'an est arrivé
l'heure de la vérité et du souci.
Parce que l'on doit envoyer des cartes
alors on cherche les amis
et le compte n'y est pas.
On cherche autre part
c'est-à-dire dans l'anniversaire
ou les souvenirs
si bien, qu'on finit par trouver.
Tout le monde y est, les bons
et les mauvais, même qui
n'ont été que de passage
finalement, c'est à tout le monde
que l'on veut écrire.
Aux amis comme aux ennemis
Parce que devant une carte
on peut tout leur pardonner
Parce que l'hypocrisie ne suffit pas
il faut être pédant.
Avec cette liste ainsi constituée
et avec ce paquet grossi
peut commencer la nouvelle année.
A cette occasion, je te
souhaite tous mes
voeux de bonheur pour cette
année quatre vingt.

{Annie Subra]

Je me suis déguisée en Pierrot
peut-être ne me reconnais-tu pas
Je me suis déguisée en Pierrot
pour te montrer les choses que l'on ne voit pas

Sur le gâteau, quatre bougies allumées
quatre flammes, symbole de notre amitié
qui depuis quatre années
nous éclairent sans futur ni passé

La cinquième dégage de sa bouche pulpeuse
une virgule de senteur couleur chance
s'envolant vers les cieux, une vie heureuse
embaume le visage de l'adolescence

Une colombe silhouette de pureté blanche
les yeux bleus, Ariane des amoureux
Tu as vingt ans maintenant, chante l'espérance
serrant dans tes bras Andy, écho de tes voeux.

[Annie Subra].

Que représentes-tu à mes yeux Femme ?
Une pensée, un souci ?
Non, rien de tout cela !
Tu te baignes et te baigneras
toujours dans tes illusions perdues.
Tu n'es qu'un trou, un trou qui pue
la joie et l'ivresse de passage, pour celui qui
n'a voulu que défouler son orgasme dans
cette eau bénite qu'est ton sang.
Le sang, chaîne de bonheur qui enlace
ton ventre doux et plat
pour l'empêcher de grossir.
Masque de beauté mensuel, viens te faire
fouetter, cingler, purifier
pour que je puisse signe ta marguerite fanée
avec des toiles d'araignée.

[Annie Subra]

Un bouquet de fleurs pour des pensées chaleureuses
des poussins pour un amour voluptueux
voici ce que les cloches chantonnent
animées par ton amitié qui dans mon coeur rayonne

Ta joie de vivre qui m'illumine chaque jour
Ta simplicité et ta gentillesse
qui tour à tour me caressent
m'enivrent de plus en plus au fil des jours

Toi qui auparavant me faisais souffrir
en restant sourd à mon amitié
as su me redonner le sourire
en y répondant cette année

Tout est si nouveau pour moi à présent
que de tout te dire j'ai un peu peur
Aussi, indique-moi le chemin comme pour un aveugle
maintenant que tu détiens la clé de mon coeur
que je t'avais légué depuis si longtemps.

[Annie Subra]

Il m'a fait depuis que je l'aime
bien longtemps, peut-être toujours
bien des reproches, toujours les mêmes
Camille a du compter les jours

De lui se dégageait chaque jour
vis-à-vis de ma retraite hebdomadaire
une jalousie, qui sur le moment n'était qu'éphémère
mais qu'encore aujourd'hui, il ressent toujours

Maintenant que je me retrouve solitaire
au milieu de cette pluie amère
j'aimerai enjamber le fossé
provoqué chaque semaine par son coeur déchiré

Et si jamais son coeur désavoue
Ce qu'il sentit depuis toujours
Puisse qu'il comprenne que je ne vis que dans l'espoir des beaux jours
pour que puisse fondre à jamais les chaînes de mon dégoût.

[Annie Subra]

Un certain jour d'hiver, je me promenais
d'un pas joyeux dans la forêt
Lorsque légèrement, une plume
caressa mon corps avant de mourir à mes pieds

Mon regard se déposa sur cette forme effilée
puis je tournai autour d'elle d'un pas inquiet
avant de m'accroupir sur la terre mouillée

Dans le creux de ma main, je l'ai mis doucement
Quelques gouttes de rosée
par la filtration du soleil scintillaient
tandis que lentement sifflait le vent

Peu à peu, je compris qu'elle était là pour moi
que des paroles s'échappaient du scintillement de sa robe
pour finir leur voyage dans le creux de mon lobe

Que voulait-elle me dire ?
De quel danger voulait-elle me prévenir ?
Mon coeur fut peint d'une note d'amertume
et dans mon dos, je ressentis comme un froid.

[Annie Subra]

Te souviens-tu
lorsque pour la première fois
je t'ai rencontré ?

Je ne voulais pas croire en toi
car pour moi, tu n'étais pas une nécessité

Cet après-midi là
tu essayais de m'attirer vers toi par tous les moyens
comme si tu ne tenais pas déjà
assez de fidèles dans ta main

Pour mieux me séduire
tu te déguisais en brune ou en blonde
tu mettais ou ôtais ton chapeau à volonté
tu te collais contre moi pour me montrer que tu étais parfumée
mais tu oubliais que je ne voulais pas faire comme tout le monde

Te souviens-tu
lorsque des années après
de nouveau je t'ai rencontré ?

Un jour où j'ai vu que mon désir en toi était né
Maintenant que je t'ai goûté, j'aimerai dès aujourd'hui te quitter
Mais il me faudra de la volonté car tu es devenue une nécessité.

[Annie Subra]

Comme tu es superbe et terrifiant
seul, debout dans ta loge stérile
vêtu de blanc, d'or et te peignant
le visage d'un fard de vérité fébrile

Les cloches sonnent, sonnent
à en crever le tympan des athées
où dans ta tête, des paroles de star résonnent
pour l'éternité, tu as pour guide un livre dépassé

Un vieil orgue flétri, joue quelques requiems
Tes groupies déjà installées, montrent bonne mine
pendant que toi, à tue-tête, tu cries : « je vous Aime ! »
Le messager de Dieu est là, les spots s'illuminent

Atteignant doucement mais sûrement ta destinée
Tu prends ta croix pour guitare, chants démodés
Devant cette foule de naïveté complètement enveloppée
tu jouis de les voir se traîner à tes pieds

Tu transpires, te déchaînes de bonheur
en voyant ces pantins que tu réanimes
injectant cette potion pourrie dans leur coeur
qu'est tout ce cinéma qui les anime

Les spots s'assombrissent peu à peu en piété
Tout le monde se tait, fin du carnaval
Et toi, tu pars revêtir la cape de mendicité
passant dans les rangs, tu leur chantes : « T'as pas cent balles ?... »

[Annie Subra]

Toi qui marchais seul dans les rues de Paris
Toi qui était à la recherche d'une femme
Toi mon solitaire as su éclairer ma flamme
Lorsque pour la première fois tu m'as suivi

Toi qui marchais pas à pas derrière moi
Toi qui croyais que je ne te voyais pas
Toi mon solitaire ne savais pas
Qu'un jour, pas à pas j'irai moi aussi vers toi

Toi qui chaque matin m'attendais devant chez moi
Toi qui rêvais de vivre avec moi
Toi mon solitaire es resté surpris
Lorsque pour la première fois je t'ai souri

Toi qui un jour as osé faire le premier pas
Toi qui croyais que je ne te comprendrais pas
Toi mon solitaire es resté tout ému
Lorsqu'à voix base je t'ai répondu

Toi qui dans notre amour passionné
Toi qui dans un accident m'as quitté
Toi mon solitaire jamais je ne t'oublierai
Puisque solitaire suis-je devenue à jamais.

[Annie Subra]

La campagne
Mes grands-parents
Les vacances

Je me dépêche de monter dans la chambre
où j'ai passé toute mon enfance

Qu'il était bon de retrouver tous ces objets
Rien n'a changé

Sur le lit de mon frère
dort mon grand-père

Il dort paisiblement
sans bouger, ni ronfler
Pour ne pas le réveiller
sans faire de bruit, je repars doucement

Une caisse de bois
me bouscule fortement sur le passage
Effrayée et apeurée, je remonte
regardant dans toutes les pièces

Rien...

Arrivée dans ma chambre
cette rencontre furtive était là
posée sur deux tréteaux
mon grand-père n'était plus.

[Annie Subra]

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